À proximité du littoral, le territoire de la commune de Beauvoir est séparé de celle de Bouin par l’étier du Dain.
Dans l’estuaire de cet étier se situe un port, très intéressant par son originalité. Ce port de moyenne importance dont le nom officiel est port du Bec répond au qualificatif plus connu de « Port Chinois ».
Le Garum
À l’origine de Beauvoir-sur-Mer, le village se situait un peu plus vers le nord de sa position actuelle vers le lieu-dit « l’Empan », sur la route de Fromentine.
À cette époque, gallo-romaine, les bancs d’huîtres naturels étaient florissants et la région commerçait avec Rome, notamment pour le « Garum ».
Le « Garum » était un jus d’huîtres fermentées dans du sel, apparenté au nuoc-mâm actuel, que les romains achetaient à prix d’or.
Les bateaux arrivaient chargés de pierres de lest et repartaient les cales remplies de ce condiment recherché.
Trois ports successifs
Au cours des siècles, il y a eu trois ports sur l’étier du Dain. À la fin du XVIIe siècle ce cours d’eau faisait bien 150 mètres de large à marée haute.
Les alluvions qui se sont déposés au fil du temps ont réduit peu à peu sa largeur à une petite dizaine de mètres et le port s’est rapproché de l’estuaire, à son emplacement actuel.
Si au début du XVIIe il n’y avait que quelques barques et bateaux de pêche, le XVIIIe a vu son développement exploser avec le trafic de navires marchands.
Le port a dû alors se déplacer d’environ 600 mètres vers l’aval. Par la suite, il a encore glissé de quelque 700 mètres suite à l’endiguement sur la rive droite du Dain.
Port d’échouage praticable seulement à marée haute, son emplacement offrait un abri très relatif face aux colères de l’océan, malgré l’édification d’un brise-lames.
Après la tempête de 1884, une digue est construite sur la rive gauche de l’étier pour parer aux tempêtes, mais aussi pour offrir une capacité d’accueil accrue.
Le « Port Chinois » d’aujourd’hui

Ce port original doit son nom à ses alignements de pontons d’apparence frêles (57 sur la rive gauche et 47 sur la rive droite), un peu de guingois, soutenus pour la plupart par des perches de châtaigniers.
Les marins locaux qui ont navigué en mer de Chine, dans le golfe du Tonkin et dans le sud-est Asiatique ont retrouvé au Bec cette structure un peu anarchique, sur pilotis, des ports d’Asie et l’ont baptisée ainsi.
Le « Port Chinois » est inscrit depuis 1942 à l’inventaire des sites de Vendée. C’est un site classé et protégé.
Selon la lumière ambiante et selon que la mer soit haute ou basse, le charme de ce petit port est à chaque fois différent, mais toujours présent.
C’est aujourd’hui en majorité un port ostréicole et de pêche côtière au chalut, le plus important de la Baie de Bourgneuf, même si les plaisanciers y sont de plus en plus nombreux.